L’épicurisme, souvent mal compris, n’est pas une ode à la débauche. Cette philosophie se tient en réalité loin des fêtes et des excès. Elle t’invite à vivre heureux·se en profitant de la vie avec modération.
« Quand nous disons que le plaisir est le souverain bien, nous ne parlons pas des plaisirs des débauchés, mais de l’absence de douleur dans le corps et de trouble dans l’âme », écrivait Épicure, au IVe siècle avant notre ère.
Hé non ! L’épicurisme n’est PAS un appel à la gourmandise et à la luxure. C’est une philosophie du bonheur. Une invitation à vivre sans peur de souffrir, sans peur de manquer, sans peur de mourir.
Tu recherches une définition simple de l’épicurisme ? On t’explique TOUT dans cet article 🤗.
⚡ L’essentiel
- L’épicurisme cherche la paix intérieure, pas la débauche.
- Le plaisir durable naît d’une vie simple et sans peur.
- « Carpe diem » signifie lucidité, pas consommation.
Tu crois peut-être qu’être heureux dépend de ce que tu possèdes, de tes réussites ou de la validation des autres.
Épicure te dit l’inverse : le vrai plaisir, c’est l’absence de trouble. Et pour échapper au trouble, il faut refuser les désirs comme le pouvoir, la richesse ou la reconnaissance sociale.
Désirer certaines choses, oui. Mais pas tout, et avec modération.
Pour les épicuriens, une âme tranquille vaut mieux qu’un compte en banque plein. Et une amitié sincère vaut mieux qu’un banquet.
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Je m’inscris ⭐Qu’est-ce que l’épicurisme ?
L’épicurisme est une école de pensée fondée à Athènes par Épicure, au IVe siècle avant J.-C. Il enseignait dans son jardin, un lieu ouvert à tous, femmes, esclaves, prostituées et étrangers compris.
C’était révolutionnaire.
Le Jardin était un endroit serein. Un refuge contre les agitations du monde où il vivait avec ses amis-disciples. Le Jardin ne se limitait pas seulement à un cadre de vie. Il symbolisait la philosophie d’Épicure : simple comme un jardin.
Son idée : le but de la vie, c’est le bonheur. Mais pas n’importe lequel. Un bonheur durable, fondé sur la paix du corps et la tranquillité de l’esprit.
Pour Épicure, être heureux c’était vivre sans peur et sans douleur.
Carpe Diem
Aujourd’hui, la formule épicurienne la plus citée reste « Carpe diem ». Elle a été prononcée par Horace, un poète de l’Antiquité romaine.
Cette phrase signifie « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain » en français.
Elle accompagne nos mugs, nos comptes Instagram, nos résolutions de Nouvel An.
On y voit une injonction à profiter, à s’amuser, à collectionner les expériences comme on collectionne les photos de vacances. Cette lecture installe l’idée d’un hédonisme léger, presque consumériste.
🍷 Hédonisme : définition
L’hédonisme affirme que le plaisir est la base d’une vie heureuse. Il place la recherche de la satisfaction — physique ou mentale — au centre de l’existence. Ce courant ne célèbre pas forcément l’excès, mais une quête assumée de ce qui procure du bien-être.
Épicurisme et hédonisme
L’hédonisme cherche le plaisir en lui-même, parfois dans l’intensité. L’épicurisme cherche un plaisir calme, stable et sans trouble, en éliminant les excès.
L’hédonisme dit « profite », l’épicurisme dit « choisis ce qui t’apaise ».
Or, Épicure était un hédoniste ascétique, c’est à dire cadré. Il associait plaisir et vertu.
Carpe diem signifie Cueille le jour en français
Ainsi, à l’époque d’Horace, la formule « Carpe Diem » ne portait pas cette légèreté de l’hédonisme.
« Carpe diem » apparaît dans ses Odes sous une forme bien plus grave. Le poète romain n’invite pas son lecteur à « profiter », mais à cueillir le jour avec lucidité. Comme on cueille un fruit mûr avant qu’il ne tombe.
L’image renvoie à la conscience du temps qui passe et non à une quête effrénée de plaisirs.
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Pour Épicure, tout ce que nous faisons vise une chose : échapper à la douleur et atteindre l’ataraxie, un état de sérénité totale.
✨ Ataraxie : la paix intérieure selon Épicure
L’ataraxie désigne un état de calme profond, sans agitation ni peur. Épicure y voit le véritable bonheur : une âme stable et lucide, qui ne dépend plus des désirs excessifs ni du regard des autres.
L’ataraxie représente la tranquillité de l’âme, chez les épicuriens. Mais aussi chez les stoïciens.
Pas besoin d’or, ni de gloire, ni d’amour parfait. Pour être heureux, il suffit d’apprendre à désirer moins.
Selon, le philosophe, la recherche du plaisir et l’évitement du déplaisir constituent l’objectif de l’homme.
Fais l’expérience épicurienne du « moins ». Choisis une envie du quotidien (scroller, grignoter, acheter, répondre à tous les messages) et réduis-la de moitié pendant 24h. Observe ce qui se passe : souvent, le manque disparaît et ta tranquillité, elle, augmente.
Les 3 types de plaisir selon Épicure
Pour les épicuriens, le plaisir est donc important. Mais pas n’importe lequel.
L’épicurisme distingue trois types de désirs.
1. Les désirs vains
- Le pouvoir
- La richesse
- La reconnaissance sociale.
Les désirs vains occupent, pour Épicure, la zone la plus dangereuse de la vie humaine.
✨ Les désirs vains selon l’épicurisme
- Ils ne reposent sur aucun besoin réel.
- Ils naissent du regard des autres, des conventions sociales et des illusions de la cité.
- Ils ne nourrissent ni le corps ni l’esprit.
- Ils installent une agitation permanente.
Le pouvoir
Le pouvoir figure en tête de ces illusions. L’épicurien y voit un piège plus qu’un accomplissement.
Le pouvoir exige de se maintenir, de contrôler, de se défendre. Il attire la jalousie et multiplie les ennemis.
L’âme qui le poursuit vit dans l’inquiétude. L’âme qui y renonce retrouve la paix.
La richesse
La richesse relève du même malentendu.
Épicure distingue :
- l’argent utile (celui qui couvre les besoins fondamentaux)
- la quête insatiable d’accumulation
Le désir de richesse ne s’éteint jamais. Il nourrit la peur de perdre. Et donc il transforme la vie en lutte constante.
L’épicurien préfère peu, mais sûr. Plutôt que beaucoup, mais instable.
Pendant une semaine, note chaque achat dans ton téléphone avec une simple question : « Est-ce que ça m’a vraiment servi ou juste rassuré ? » Tu vas vite repérer ce qui nourrit ta vie, et ce qui nourrit juste ta peur de manquer.
La reconnaissance sociale
Enfin, la reconnaissance sociale clôt la liste de ces trois désirs vains.
En fait, la reconnaissance sociale dépend entièrement du jugement d’autrui. Il suffit d’un revirement d’opinion pour ébranler celui qui en vit.
Donc Épicure y voit une servitude volontaire. Chercher l’admiration revient à remettre son bonheur entre les mains de la foule.
Ces désirs vains méritent ainsi d’être évités sans détour. Ils détournent l’individu de ce qui peut réellement apporter la tranquillité de l’âme : l’amitié, la simplicité, la lucidité.
⚠️ À retenir
Attention, l’épicurisme ne prêche pas l’isolement. Il propose de choisir des objectifs qui n’exposent pas l’existence à une tension constante.
2. Les désirs naturels mais non nécessaires
- Boire un bon vin
- Écouter de la musique
- Manger une friandise
- Faire l’amour
Les épicuriens classent ces plaisirs dans la catégorie des désirs naturels mais non nécessaires.
Ils correspondent à des envies bien réelles, ancrées dans le corps, mais qui ne conditionnent ni la santé ni la tranquillité de l’âme.
Épicure les reconnaît, sans les placer au cœur de son éthique.
Ces plaisirs sont permis, parfois même bienvenus. Mais ils doivent rester facultatifs.
Dès qu’un désir prend trop de place, il crée un manque, puis une dépendance, puis du trouble.
L’épicurien accepte les plaisirs, mais refuse qu’ils gouvernent sa vie.
Boire du vin 🍷
Boire un bon vin ne pose aucun problème pour un épicurien.
Le plaisir du palais reste légitime, tant qu’il ne dérègle ni l’esprit ni le corps. La modération fonde la position d’Épicure.
Le vin réjouit. L’ivresse trouble. La frontière suffit à résumer la philosophie.
Écouter de la musique 🎶
Écouter de la musique appartient au même registre.
Le plaisir esthétique enrichit l’existence. Il n’apporte pourtant ni force intérieure ni stabilité durable.
Épicure y voit un agrément, pas une ressource décisive pour atteindre l’ataraxie, cet état d’absence de trouble recherché par sa doctrine.
Manger des friandises 🍭
Manger une friandise illustre parfaitement ce type de désir.
Le plaisir est immédiat, la satisfaction réelle. Mais la dépendance guette si l’on en fait une nécessité.
Pour Épicure, ce qui devient indispensable nous enchaîne. La friandise peut réjouir, pas régir la vie.
Les plaisirs sexuels 💥
Faire l’amour reste un plaisir naturel mais potentiellement perturbateur. L’élan du corps est légitime.
Mais les passions qui l’accompagnent peuvent troubler l’âme, susciter jalousie, attachement douloureux, manque.
L’épicurisme ne condamne pas la sexualité. Il avertit simplement qu’elle peut coûter plus cher qu’elle ne rapporte en tranquillité.
3. Les désirs naturels et nécessaires
- Manger
- Dormir
- Se sentir en sécurité
Les désirs naturels et nécessaires forment le socle de la pensée épicurienne.
Ils concernent la survie et la stabilité de l’être humain : manger quand le corps réclame, dormir quand la fatigue s’impose, se sentir en sécurité dans un environnement qui ne menace pas.
Ces désirs ne troublent pas l’âme. Ils l’apaisent.
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Manger relève de ce registre minimal.
Mais attention, ce besoin vise la satiété, pas l’abondance.
Épicure rappelle que le corps demande peu :
- du pain
- de l’eau
- de quoi tenir debout
Le plaisir intervient lorsque la faim disparaît, pas lorsque l’on cherche à la remplacer par la gourmandise.
Dormir
Dormir répond à une nécessité physique et mentale.
La fatigue ouvre la porte à l’anxiété. Pour un épicurien, le repos n’est pas un luxe. Il constitue une condition élémentaire de la tranquillité intérieure.
Se sentir en sécurité
Se sentir en sécurité joue un rôle central.
L’angoisse naît du sentiment de menace.
La philosophie d’Épicure cherche précisément à éliminer cette peur. Une vie simple, éloignée des ambitions dangereuses, réduit les risques et protège l’âme.
🧩 En résumé
Le problème ne vient pas des désirs, mais de la confusion entre eux. Les désirs vains — richesse, pouvoir, admiration — détournent l’énergie de ce qui stabilise l’existence. Le corps demande peu. L’ego en veut toujours plus. Ce décalage crée l’agitation qui empêche l’ataraxie.
Épicure le résume parfaitement : « Apprends à te contenter de peu, et tu connaîtras la liberté. » Ce n’est pas un appel à la privation, mais un rappel puissant : la liberté naît lorsque aucun désir superflu ne prend le contrôle.
Pour les épicuriens, la peur est l’ennemie du bonheur
Pour Épicure, la souffrance vient surtout des peurs inutiles : peur de manquer, peur de souffrir, peur de mourir. Il voulait les dissoudre, une par une.
- La peur des dieux ? Inutile. Les dieux, disait-il, ne se mêlent pas de nos affaires.
- La peur de la mort ? Irrationnelle. Quand tu es là, elle n’est pas. Quand elle est là, tu n’es plus.
- La peur du manque ? Illusoire. Il faut peu pour être heureux.
Cette vision, d’une simplicité déroutante, bouleverse tout notre rapport à la vie moderne. Elle t’apprend à cesser de courir. Tu n’as pas besoin de tout posséder pour goûter la vie.Tu as juste besoin d’apprendre à la savourer.
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🔔 Je m’abonne à Pik!Les 3 enseignements clés d’Épicure
1. Le plaisir simple est le plus durable
Les plaisirs intenses s’éteignent vite. Un bon repas, une soirée entre amis, un moment de repos : ce sont ces petits plaisirs stables qui nourrissent une joie durable.
L’épicurisme t’encourage à cultiver la modération. Pas pour t’interdire de vivre, mais pour prolonger ton bonheur.
Tu peux aimer le chocolat, mais le vrai plaisir, c’est de le savourer lentement. Pas de t’en gaver.
L’amitié, la plus grande source de bonheur
Pour Épicure, l’amitié est le trésor le plus précieux.
Pas les relations superficielles, mais les liens profonds, fondés sur la confiance et la bienveillance. Dans son jardin, il vivait entouré d’amis, partageant repas et discussions philosophiques.
L’épicurisme te rappelle que le bonheur ne se vit pas seul. Entoure-toi de ceux qui t’apaisent, pas de ceux qui te drainent. Une soirée sincère vaut mieux qu’un réseau social rempli.
« Mes amis sont devenus le lieu où je respire vraiment. »
confie Lucie, 33 ans. « Après une période très sombre, je me suis rendue compte que ce qui me tenait debout, ce n’était pas le travail ni les projets… mais ces soirées simples avec mes deux meilleurs amis. On parle, on rit, on doute ensemble. Je repars apaisée à chaque fois. J’ai compris que l’amitié profonde, c’est ma vraie source de bonheur durable. »
La philosophie comme thérapie
Épicure ne voulait pas faire de la théorie. Il voulait guérir les âmes. Pour lui, philosopher, c’est apprendre à vivre sans peur. Chaque jour, tu peux t’interroger :
- Est-ce que ce désir m’apporte la paix ou le trouble ?
- Est-ce que cette peur m’aide à vivre mieux ?
Cette pratique, proche de la thérapie moderne, fait de l’épicurisme une philosophie étonnamment actuelle. Elle t’invite à prendre soin de ton esprit comme d’un jardin, à désherber les peurs et cultiver la joie.
5 leçons pour vivre selon l’épicurisme
1. Choisis des plaisirs stables
Mange, dors, aime, ris. Mais sans excès.
Les excès créent la dépendance. Donc la mesure crée la liberté. Chaque fois que tu choisis la simplicité, tu choisis la sérénité.
2. Désire moins, savoure plus
Le bonheur n’est pas une course, c’est une halte.
Quand tu arrêtes de vouloir plus, tu découvres que tu as déjà assez.
Essaie ce test : liste tes désirs, puis coche ceux dont tu pourrais te passer sans perdre ta joie. Tu verras comme ta charge mentale s’allège.
3. Cultive la paix intérieure
Ne cherche pas à tout contrôler.
L’épicurien n’est pas obsédé par la perfection. Il cherche la tranquillité. Un mental apaisé vaut mieux qu’un agenda rempli. Un silence paisible vaut mieux qu’un bruit constant.
4. Prends soin de tes relations
Les épicuriens ne vivaient pas seuls dans une grotte. Ils cultivaient l’amitié comme un art de vivre.
Un bon repas partagé, une conversation profonde, un fou rire… Voilà leur luxe. Le bonheur se multiplie quand il se partage.
5. Libère-toi de la peur de la mort
La mort, pour Épicure, n’est rien. Elle n’a aucun pouvoir sur ta vie présente. La craindre, c’est gaspiller le temps de vivre.
Pense-y : ce n’est pas la mort qui t’empêche de vivre. C’est la peur de mourir.
L’épicurisme face au stoïcisme
Les stoïciens et les épicuriens étaient rivaux, mais leurs quêtes se rejoignent : vivre en paix.
Les stoïciens cherchaient la vertu par la raison. Les épicuriens, la paix par le plaisir mesuré.
L’un t’apprend à résister, l’autre à t’apaiser.
Deux chemins vers la même sagesse : celle d’un esprit libre.
Épicurisme moderne : la leçon à retenir
Tu vis dans une époque qui t’encourage à accumuler, accélérer, performer. Tu cours sans savoir pourquoi et tu désires sans savoir d’où viennent tes envies.
L’épicurisme te force à regarder ailleurs. Il te demande de trier, de ralentir, de respirer. Il te met face à une question simple : veux-tu vivre pour impressionner ou veux-tu vivre pour te sentir vivant·e ?
Le vrai risque n’est pas de manquer quelque chose. Le vrai risque, c’est d’oublier ta vie pendant que tu la cours.
Épicure n’a jamais dit d’embrasser la débauche. Il t’a juste dit d’oser la paix. De choisir les plaisirs qui réparent, pas ceux qui épuisent. De renoncer aux illusions qui te gardent en tension. Le reste, c’est du bruit.
Et si tu faisais le pari radical d’une vie plus simple, plus douce, plus lucide ? C’est peut-être le geste le plus révolutionnaire de notre époque.
Comme l’écrivait Épicure : « Ne gâche pas ce que tu as en désirant ce que tu n’as pas. »
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FAQ : tout savoir sur l’épicurisme
Le stoïcisme t’apprend à accepter ce que tu ne contrôles pas et à rester maître de tes émotions.
L’épicurisme, lui, t’invite à chercher le plaisir dans la simplicité et à te libérer de la peur.
Les stoïciens visent la vertu par la raison ; les épicuriens visent la sérénité par le plaisir mesuré.
Deux chemins différents, mais un même but : vivre en paix avec soi-même.
L’épicurisme est une philosophie fondée par Épicure au IVe siècle avant J.-C. Elle enseigne que le bonheur réside dans l’absence de douleur et de trouble intérieur. Être épicurien, c’est chercher la paix de l’esprit en simplifiant sa vie et en savourant les plaisirs simples, loin du tumulte et de la peur.
Non, l’épicurisme ne parle pas d’excès mais de mesure. Épicure distinguait les plaisirs naturels et nécessaires (comme manger ou se reposer) des plaisirs vains (comme la gloire ou la richesse). Un vrai épicurien ne cherche pas à tout goûter, mais à profiter sans se perdre. Le plaisir doit apaiser, pas exciter.
Le stoïcien cherche la sérénité par la maîtrise de soi et la raison. L’épicurien, lui, atteint la paix par la satisfaction mesurée des besoins essentiels. L’un apprend à résister, l’autre à relâcher. Les deux mènent au même but : vivre sans peur.
Épicure distingue trois catégories : les désirs naturels et nécessaires (manger, boire, dormir), les désirs naturels non nécessaires (le luxe, la sensualité) et les désirs vains (richesse, gloire, pouvoir). Apprendre à reconnaître ces trois niveaux, c’est reprendre le contrôle de sa vie et éviter les frustrations inutiles.
Parce qu’elle n’existe pas pour celui qui vit. Quand tu es en vie, la mort n’est pas là. Et quand elle est là, tu n’es plus. Penser ainsi t’aide à te libérer de la peur et à savourer le présent sans angoisse. Pour Épicure, la mort ne concerne ni les vivants ni les morts, puisqu’elle ne coexiste jamais avec nous.
Commence par désirer moins et profiter plus. Mange quand tu as faim, repose-toi quand tu es fatigué, ris avec tes amis. Supprime les désirs qui t’épuisent et les relations qui te vident. Chaque jour, cherche un moment de paix, même court : c’est là que commence la joie épicurienne.
Totalement. Dans un monde saturé de bruit, de vitesse et de consommation, l’épicurisme agit comme une résistance douce. Il t’invite à ralentir, à trier l’essentiel et à remettre le plaisir conscient au centre de ta vie. Vivre comme un épicurien, c’est refuser la frénésie pour retrouver la liberté intérieure.
Pas vraiment. L’hédonisme recherche le plaisir immédiat, tandis que l’épicurisme vise le plaisir durable, celui qui apaise sans exciter. Épicure dirait : le plaisir, oui — mais celui qui laisse ton âme tranquille. Le but n’est pas de fuir la douleur à tout prix, mais d’éviter les troubles inutiles.
« Quand nous disons que le plaisir est le souverain bien, nous ne parlons pas des plaisirs des débauchés, mais de l’absence de douleur dans le corps et de trouble dans l’âme. » Cette phrase résume toute sa philosophie : le bonheur naît du calme intérieur, pas du tumulte des désirs.
Parce qu’il répond à nos excès. Il propose une alternative au stress, à la comparaison et à la performance. L’épicurisme t’apprend à vivre mieux, pas plus. Il t’invite à la lenteur, à la gratitude, à la simplicité. Et c’est peut-être exactement la sagesse dont notre époque a besoin.
Non. L’épicurisme n’est pas une invitation à la débauche ni une morale de la jouissance immédiate. C’est une doctrine philosophique hellénistique qui distingue les plaisirs du corps, les plaisirs intellectuels et les plaisirs de l’existence. Épicure affirme qu’il faut rechercher le plaisir certain, stable, rationnel, loin de toute contradiction intérieure. C’est un eudémonisme : une manière de vivre qui vise la vie heureuse, pas la volupté infinie.
Oui. Comme Démocrite et Leucippe, Épicure développe un matérialisme fondé sur l’atomisme : tout est composé d’atomes et de vide. Même l’âme est formée d’agrégats matériels qui se dissipent après la mort. Ce matérialisme rend l’âme plus libre : rien n’est éternel, rien n’est stable, inutile donc de craindre les divinités. Le fameux clinamen, cette déclinaison imprévisible des atomes, introduit la liberté humaine dans le cosmos.
Épicure montre qu’il est irrationnel de craindre la mort : tant que nous sommes, elle n’est pas là ; lorsqu’elle arrive, nous ne sommes plus. Cette idée traverse toute l’histoire de la philosophie occidentale, de Lucrèce à Montaigne, et reste l’une des maximes les plus puissantes de la sagesse antique. La mort n’est pas un passage vers un monde intelligible ou divin : elle est dissolution des atomes. Autrement dit, aucune immortalité, aucun mythe, aucune superstition.
L’épicurisme dialogue avec toute la philosophie grecque.
– Avec Aristote, Épicure partage l’idée d’une nature humaine rationnelle, mais refuse la métaphysique aristotélicienne.
– Avec Platon, il rejette la doctrine platonicienne de l’âme immortelle et du monde intelligible.
– Avec Zénon et les stoïciens, il partage l’idée d’une vie vertueuse, mais pas leur fatalisme ni leur ascèse austère.
– Avec les cyniques, il partage une critique des désirs artificiels, sans adopter leur radicalité.
– Avec les sophistes, il refuse la rhétorique sophistiquée qui manipule les foules.
Chaque école philosophique de la Grèce antique propose un chemin différent pour atteindre le bonheur.
Oui et non. Épicure admire la simplicité socratique et l’ironie socratique, mais rejette la maïeutique et la quête dialectique de vérités absolues. Il privilégie une philosophie pratique, tournée vers les besoins réels, loin des exercices spirituels trop abstraits.
Parce que ces désirs vains dépendent du regard des autres et transforment l’individu en réacteur permanent aux opinions. Cicéron, Plutarque ou Sénèque — pourtant stoïciens ou moralistes — reconnaissent eux aussi ce piège. Épicure montre que ces désirs créent du malheur, de la peur, et rendent l’âme instable. “Abstiens-toi” serait son conseil face à ces plaisirs sophistiqués qui n’en sont pas.
Oui, mais dans un sens très éloigné du cliché contemporain. Leur hédonisme est rationnel, mesuré, presque austère. Il vise à satisfaire nos besoins fondamentaux, jamais tous nos désirs. Le plaisir suprême est l’absence de trouble, pas l’orgie. Les épicuriens ne sont pas des pourceaux, comme le reprochait parfois l’Académie platonicienne : leur objectif est la plénitude intérieure.
Lucrèce, dans son De rerum natura, traduit en latin l’atomisme grec ancien et en fait une véritable philosophie du monde.
Diogène Laërce transmet les maximes et préceptes d’Épicure dans ses Vies et doctrines des philosophes illustres. Sans lui, une partie de la doctrine aurait été perdue. Ces penseurs antiques, avec Xénophon, Hérodote ou Platon, constituent la grande bibliothèque de la philosophie antique.